11 juin 2009

8h45 ce matin.


 

 

Par la fenêtre :

 une jeune fille avec des chaussures classiques, la jupe obligeamment serrée à ras du genou, le cheveu lisse ébouriffé par le vent.

un homme en costume qui traîne un cadis derrière lui.

une gigantesque paire de fesses qui traverse la rue. rebondissement en rythme de la musette.

  

 A l’intérieur :

 Une jeune fille rousse tout de rouge vêtue.

Un garçon barbu aux cheveux longs et gras malgré une certaine classe.

Un troupeau de dames arborant fièrement un badge autour du cou, grands sourires plein les visages pour la plupart chaussés de lunettes bon marché.

Une femme à l’âge mûr élégant qui cache ses formes sous l’ampleur remarquable d’un tissu exotique.

 

2€50 le earl gray. Je fais durer.

 Juste là, à ma droite, une conversation enflammée. Encore des gens de culture. Le soucis de mystère de la metteure en scène. Le ton emprunté. L’inconfortable étroitesse du bureau.

 La serveuse du belga appuie sur play. arthur H. je mâche mon croissant au rythme lent de sa logorrhée. Quelque chose de langoureux. La voix mielleuse des gens de culture est désormais recouverte par son jazz nonchalant.

« travailler la base », « le fil du projet », « abus de forme », « elle s’éparpille » parviennent toutefois à émerger au dessus des notes chaloupées.

Je n’ose pas les regarder. Voir leurs visages qui doivent être beaux comme leurs voix redondantes de suffisance. Comme elles sont amusantes ces personnes investies, comme elles sont gonflées d’importance ! comme si ce qui les occupait était la meilleure des fuites possibles de la bassesse de leur condition et de l’angoisse qu’elle suscite. Point d’angoisse dans ces voix-là, beaucoup de certitude. Et d’ affirmation.

Ce qui est beau c’est sentir comment ce sentiment d’importance pulvérise toute la délicatesse du reste. Et Je me dis que toute personne qui parle de son travail, si tant est qu’il s’agisse de culture et qu’elle en soit gratifiée, est un paon qui fait la roue. 



un peu de compassion toutefois...


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