30 octobre 2009



voilà je viens de finir un livre.
un pavé de 1300 pages.
je l'ai boulotté en 3 semaines
-goulûment-,
malgré une traduction un peu limite sur les bords.
(c'est le point noir au milieu de la face du bouquin.)



ni un roman,
ni un document,
(euh quoique...)
le livre traite directement de l'histoire de gary gilmore,
exécuté le 17 janvier 1977,
pour un double meurtre commis
""
en juillet 76.

petite figure criminelle américaine,
ayant passé au moins la moitié de sa vie en prison,
gary gilmore est surtout connu
pour avoir refusé de faire appel de sa condamnation à mort
et exigé son exécution.
depuis plus de 10 ans aux états-unis,
aucune mise à mort n'a eu lieu.
la peine de mort est tombée en désuétude...
et se dirige les bras ballants
et la queue -toute molle-
entre les jambes
vers les poubelles de l'Histoire..
en effet la france
le canada
l'espagne
-entre autres,
voient durant cette même période
une vague abolitionniste
déferler.
seulement, lui,
le petit gilmore,
relance la machine
là-bas aux usa
en pointant le doigt sur la contradiction
qu'il y a entre les condamnations à mort
et l'absence d'exécutions effectives.
(j'imagine qu'une condamnation à mort de l'époque
équivaut à une condamnation à perpétuité
sans possibilité de libération..)

garygilmore - newsweek.jpg

gilmore oblige également le monde
à mettre en perspective
son rapport aux médias,
à sa célébrité acquise par le crime,
paradoxale,
et qui fascine,
magnétise,
d'abord l'utah,
puis l'amérique,
enfin le monde entier.
De une des journaux en interviews,
en t-shirts,
de fil en aiguille,
l'histoire attire hollywood,
et on voit s'écharper dans le livre
journalistes, scénaristes, affairistes,
un rien charognards...
les petites haines, les coups bas,
toute l'hypocrisie des pantins du système
face au phénomène de cirque
qu'il sera devenu...
gilmore aura agit un peu comme révélateur
des paradoxes et autres contradictions du monde
juridique, médiatique,
d'une part,
un peu comme preuve vivante (mais plus pour longtemps)
de l'implacable inefficacité de la prison en matière de réinsertion
d'autre part.


mais bon.
le livre c'est pas que ça non plus.
c'est aussi l'histoire d'un big love
entre deux gros louzes
comme seule l'amérique en connaît.
gilmore tue après s'être fait larguer,
dans une sorte de rage froide...
c'est une passion folle qui unit gary et nicole,
faite de cul, de baston,
de rupture et de réconciliation,
et surtout de lettres,
lyriques, enflammées,
assez sublimes,
quand ils sont séparés,
l'un dans le couloir de la mort,
l'autre à l'asile.

« Rien dans mon expérience ne m’a préparé au genre d’amour sincère et sans réserve que tu m’as donné. J’ai tellement l’habitude des saloperies et de l’hostilité, de la duperie et de la mesquinerie, du mal et de la haine. Ça, c’est mon environnement naturel. C’est ce qui m’a formé. Je regarde le monde avec des yeux qui se méfient, qui doutent, qui craignent, qui haïssent, qui trichent, qui raillent, qui sont égoïstes et vains. Les choses inacceptables, je les considère comme naturelles et j’en suis même venu à les accepter comme telles. Je regarde cette horrible et abominable cellule et je sais que je suis à ma place dans un endroit aussi humide et sale car où devrais-je être ailleurs ? (…) Il me semble que je connaisse le mal plus intimement que je connais le bien, et ça n’est pas une bonne chose non plus. Je veux me venger, je veux régler des comptes, dans leur ensemble, que mes dettes soient payées (quel qu’en soit le prix !) pour n’avoir pas de tache, pas de raison d’éprouver des remords ni de la crainte. J’espère que ça ne fait pas mélo, mais j’aimerais me retrouver sous les yeux de Dieu. Savoir que je suis juste, droit et pur. Quand on est comme ça, on le sait. Et quand on ne l’est pas, on le sait aussi. Tout cela est en nous, en chacun de nous – mais je crois que j’ai fui ça et que quand j’ai essayé de m’en approcher, je m’y suis mal pris. Je me suis découragé, ça m’a ennuyé, j’ai été paresseux et finalement inacceptable. Mais qu’est-ce que je dois faire maintenant ? Je ne sais pas.
Me pendre ?

Ça fait des années que je pense à ça, il se peut que je le fasse. Espérer que l’Etat m’exécute ? C’est plus acceptable et plus facile que le suicide. Mais on n’a exécuté personne ici depuis 1963 (c’est à peu près la même année pour des exécutions légales où que ce soit). Qu’est-ce que je vais faire, pourrir en prison ? Devenir vieux et amer et finir par ruminer ça dans mon esprit jusqu’à penser que c’est moi qui me suis fait baiser, que je ne suis qu’une innocente victime des foutaises de la société ? Qu’est-ce que je vais faire ? Passer toute une vie en prison en recherchant le Dieu que j’ai envie de connaître depuis si longtemps ? Me remettre à la peinture ? Ecrire de la poésie ? (…) Qu’est-ce que je vais faire ? On a toujours le choix, n’est-ce pas ? »

(Lettre à Nicole, 3 août)



voilà donc un livre bien prenant,
dont l'issue est,
vous l'aurez deviné,
fatale.
pour l'anecdote,
les dernières paroles de gilmore,
assis et attaché sur la chaise rembourrée
prête à accueillir les balles qui vont lui pulvériser le coeur,
"let's do it!"
ont inspiré le slogan de la marque nike.
elle est pas belle la vie??



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