23 juillet 2009


toutes des putes!!
(même maman.)


 n'aurait-on pas quelques raisons légitimes d'en vouloir aux femmes, et en poussant plus avant l'idée d'orelsan (qui, lui, ne s'en prend qu'à l'objet particulier d'une amourette déçue en exprimant sa colère d'une façon qui, sans la sublimer totalement, lui apporte toutefois une légitimité d'auteur) d'établir comme présupposé que les femmes sont toutes des putes???



la question mérite d'être posée. en effet on peut observer tout au long de l'histoire que le rôle des femmes, bien que défini comme assujettissement aux hommes par ces derniers,  s'avère plus complexe. par le terme d'assujettissement on peut entendre bien sûr que la domination masculine leur aura interdit toute forme d'autonomie et les modalités d'expression d'un pouvoir direct sur le cours des choses. mais par assujettissement on peut aussi comprendre que leur rôle étant subordonné, subalterne à celui des hommes, il est absolument indispensable à l'accomplissement de l'humanité qui sans elles eût été frappé d'incomplétude, voire même d'impossible. n'auraient-elles pu de par ce fait s'offrir sans peine les opportunités nécessaires à voir leur condition changer? il aurait fallu pour cela qu'elles témoignent d'une insatisfaction de cette condition. or, elles n'ont saisi ces opportunités que très tardivement. pourquoi?


bien sur, on peut choisir l'angle de la victimisation, observer le rôle des religions et des sociétés patriarcales et affirmer que n'ayant été tenues par elles qu'à occuper des rôles d'objets pendant des siècles, elles auront inconsciemment consenti à s'assujettir au discours dominant jusqu'à le faire leur, cela est d'usage. mais on peut aussi changer de point de vue pour voir, et se demander dans quelle mesure elles n'auraient pas su tirer avantage de cet assujettissement, et s'y complaire.



en effet, dès 1789, on a établi la liberté comme étant fondamentale, au point d'en apposer le caractère absolu dans l'article 1 des droits de l'homme et du citoyen, la liberté étant celle de penser, de s'exprimer et d'agir selon ses convictions propres. cependant faire des choix n'est pas la chose la plus aisée ni la plus naturelle au monde. et il est parfois confortable de n'avoir pas à se poser de questions auxquelles trouver des réponses est souvent difficile, non plus que de combattre l'adversité à laquelle tout cela nous expose. de plus les efforts intellectuels demandant constance, courage, abnégation, et pugnacité, on ne peut que comprendre l'absence de goût pour la bagarre des nombreuses femmes qui n'auront pas cherché à s'y risquer, préférant tacitement une exclusion des débats à une exposition aux coups, fussent-ils conceptuels.



outre les considérations intellectuelles, il convient de ne pas occulter l'aspect plus trivialement matériel, malgré tout nécessaire au confort moins qu'à la survie même. de même qu'on ne peut pas vivre sans manger, il apparaît chez l'humain des nécessités toute sociales mais non moins urgentes telles que l'habillement et l'ameublement, qui demandent une implication matérielle qu'on considère encore aujourd'hui comme relevant de compétences féminines. on a longtemps confiné la femme à la maison, espace intérieur où se joue l'intimité des familles, tout pendant que les hommes eux se confrontaient au monde extérieur, ramenant de par leur travail, l'argent nécessaire à la survie du ménage. ne peut-on pas y voir quelque avantage? certes, on a aussi fait des femmes des mères ayant pour devoir d'assurer l'éducation des enfants, mais il faut savoir qu'avant l'application de la philosophie rousseauiste au XIXème siècle, seulement peu de femmes assuraient elles-mêmes ce travail, la plupart envoyant leurs rejetons chez des nourrices à la campagne jusqu'à ce qu'ils soient en âge d'aller en pension. ce qui signifie que pour les femmes les plus fortunées la vie n'était faite que de loisirs. bien sûr elles n'étaient pas les plus nombreuses, les pauvresses devant bosser dur pour ramener un complément de subsistance au foyer, donc loin de moi l'idée que la vie n'était pas au moins aussi chiante à l'époque qu'elle l'est aujourd'hui... mais n'est-il pas possible de considérer les femmes aisées, entretenues et oisives comme de simple catins? et les autres comme potentiellement putifiables eu égard au fait que les plus aisées étaient considérées comme des modèles à suivre et comme vivant un destin enviable?



... encore aujourd'hui, on constate que les femmes demeurent coquettes, se maquillent, s'habillent avec soin, s'épilent savamment et s'affublent d'accessoires ridicules, se dessinant elles-mêmes comme objet de la projection du désir masculin autant que féminin. encore aujourd'hui on érige comme modèles féminins des starlettes dévouées à un système qui fait d'elles des putes. et encore aujourd'hui, et de manière plus commune encore, on constate qu'une femme divorcée, même sans enfant, perçoit le plus souvent une pension alimentaire de la part de son ex-mari. pourtant on touche du doigt l'émancipation avérée des femmes, même si les salaires ne sont toujours pas égalitaires, même si dans pas mal de domaines professionnels les femmes sont encore sous-représentées. mais j'ai peine à croire que si les femmes obtenaient un salaire égal, elles seraient prêtes à renoncer en échange à leur pension alimentaire. nombreuses sont celles qui le voient comme un acquis.



j'ai l'impression à cet endroit du texte de ne pas parvenir à exprimer l'idée profonde qui me taraude. c'est que je pose des questions auxquelles il m'est difficile de répondre. peut-être que pour une belle démonstration en creux attestant bien l'idée que les femmes sont des putes qui ont bien mérité le sort que l'histoire leur a réservé, j'aurais dû utiliser la figure de la comédienne à travers les âges, les comédiennes ayant de tout temps usé de toutes les cordes qu'elles ont à leur arc. évoquer la "nana" de zola, superbe moyen d'accréditer mon propos, ou faire un petit bréviaire des pratiquantes hollywoodiennes de la promotion canapé. j'en serais finalement arrivé à la conclusion que les prostituées, ces femmes qui font un usage professionnel de leur charme et de leur corps sont moralement les plus honnêtes, et de ce fait les moins critiquables des femmes. je serai alors certainement parvenu à mon but. 
(...)




mais d'abord, j'aurais peut-être dû chercher à répondre à la question:
c'est quoi une femme???
hein??
et toutes les femelles de l'espèce humaine sont-elles des femmes????





...
(et puis tiens, après tout, c'est peut-être juste la vie qui est une pute.)

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